Lors du dernier conseil municipal, les conseillers étaient amenés à délibérer sur le rachat d’un droit au bail commercial du « Burger Ino » situé 12, Esplanade Octave Médale et du changement de destination de de ce même local.
Comprenez donc que la majorité municipale a choisi de « préempter » ce local afin d’y installer une autre activité.
Le coût de cette opération s’élève à 30 000 euros pris sur le budget communal d’investissement et coutera 6 792 euros de location chaque année, pris sur le budget communal de fonctionnement. Il faudra rajouter à cela les charges afférentes au local.
La question dans cette affaire est donc de savoir dans quel but et pour quel motif ? Lors de la commission municipale notre élu Julien Lassalle a eu beau chercher à savoir quel serait l’activité du dit local, les réponses ont pour le moins été évasives. Dans une autre commission municipale, portant sur le même sujet mais par une approche différente, les réponses aux questions de Christophe Leroy étaient cette fois-ci fuyantes : il s’agirait d’y mettre un équipement public mais on ne savait pas lequel. Ainsi, en grands démocrates que sont nos « marcheurs » saint sulpiciens, ils demandent à des élus d’opposition de voter pour un projet dont ils n’ont aucune connaissance et dont les éléments ne leur seront communiqués qu’une fois le projet ficelé. Quiconque ne suit pas La République En Marche locale est donc qualifié de facto de non constructif. Il n’est pas pensable selon nous d’engager des dépenses sans avoir un projet suffisamment abouti, et nous ne pouvons donc donner de crédit à la parole de notre Maire qui en conseil nous a dit que plusieurs pistes étaient à l’étude. Cela relève soit de la malhonnêteté intellectuelle soit d’un amateurisme dans la gestion de la ville.
C’est l’urgence qui aurait poussé notre majorité à agir car depuis quatre ans rien n’avait été fait selon eux. Depuis 20 ans non plus, d’après monsieur le maire qui s’en épanchait dans les lignes de la Dépêche du Midi[1].
RELIRE : https://stsulpice-active-citoyenne.fr/vingt-ans-dinaction/
Cette même majorité oublie de dire qu’elle a été élue voilà plus d’un an et que l’occasion d’agir lui était donnée… Néanmoins, en regardant dans le détail, on s’aperçoit que cette affaire est plutôt très récente.
L’urgence est donc de remédier selon la majorité LREM à un problème de délinquance situé devant le Burger Ino. Ce commerce de bouche selon l’euphémisme consacré serait un point de fixation de la délinquance exaspérant les habitants de la place. Il est en effet notoire que depuis quelques mois des groupes d’individus se rassemblent sur cette place et y commettent des actes d’incivilité. Notons tout d’abord que ce commerce ouvert par intermittence n’est occupé que depuis avril 2018, disqualifiant le rejet de la faute à l’équipe précédente. Non que nous soyons complaisants avec la majorité précédente mais il n’est pas honnête de les accabler davantage. Ils en ont déjà fait assez en leur temps.
Arguant d’une possible venue d’un kebab ayant mauvaise réputation, nos bons élus ont donc souhaité empêcher l’installation d’un nouveau commerce de bouche en centre-ville.
A l’occasion des échanges en conseil municipal, notre groupe d’élus, composé de Wilma Ambrosio, Sandrine Destaillats, Sebastien Caylus, Christophe LEROY et Julien Lassalle ,a donc demandé des précisions sur l’occurrence des faits. Il s’avère que les faits, à l’exception d’un seul en pleine journée un samedi, se sont déroulés le soir à des heures tardives où les commerces sont fermés. Nous ne voyons pas en quoi préempter un local pour y empêcher l’installation d’un kebab réglera le problème puisque de toute façon ce commerce serait fermé aux heures auxquelles les faits sont commis.
Face à cela, on nous a donc dit que les délinquants connaissaient parfaitement le propriétaire des lieux puisque lors de la rixe survenue un samedi, certains d’entre eux avaient trouvé refuge dans le restaurant voire s’y étaient dotés d’objets contondants. Là aussi, on ne comprend pas très bien le lien délinquance-Burger Ino, puisque justement le dit exploitant s’en va. Ce serait là un manque de veine flagrant que de voir arriver un nouveau propriétaire connaissant de près ou de loin ces individus.
Cette délinquance connue et identifiée par de nombreux citoyens pose un réel problème de tranquillité publique, c’est indéniable. En revanche, la solution proposée ne répond en rien aux justes demandes des citoyens excédés par de tels comportements. De l’aveu même des autorités et de notre Maire, il s’agit de délinquance passante alors on a du mal à voir en quoi préempter ce local réglera le problème. D’ailleurs, les saint-sulpiciens auraient déjà constaté qu’elle se serait déplacée et se serait fixée maintenant devant la Caisse d’Epargne et le « banc des menteurs ». Va-t-on préempter la Caisse d’Epargne ? C’est vrai qu’un peu moins de banques et plus de commerces en centre-ville ne seraient pas pour nous déplaire. Déménager le « banc des menteurs »? La place Soult a bien besoin de bancs il est vrai.
La tranquillité et la sécurité sont des droits fondamentaux et la responsabilité des élus est d’y veiller tout comme celle des forces de l’ordre.
Notre première proposition a donc porté sur ce sujet. Comment se fait-il que ces individus ne soient pas appréhendés ou « canalisés » davantage par nos forces de l’ordre ? Il est de notre devoir d’exiger que les moyens soient déployés par la gendarmerie nationale afin de calmer la situation dans un premier temps. Il est évident que les politiques menées encore aujourd’hui par LREM au niveau national fragilisent nos moyens de maintien de l’ordre.
Notre seconde proposition a porté sur la construction d’un schéma communal de tranquillité publique bâtie avec l’aide des citoyens pour les citoyens. Dans le cadre d’une commission extra-municipale, notre idée était de réunir les citoyens, les commerçants, les entreprises, les forces de l’ordre et notre police municipale afin de trouver des solutions de fond.
LIRE : https://www.cipdr.gouv.fr/outils/ressources-pratiques/
Notre troisième proposition a été de demander l’activation du CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) dont l’efficacité est avérée.
Pour notre part, nous considérons qu’il est dangereux « d’instrumentaliser » les peurs à des fins électorales d’autant plus quand il s’agit de sécurité. La tentation sécuritaire ne peut que faire le jeu d’une extrême droite qui base l’essentiel de son discours sur ces sujets et qui, rappelons-le, proposait d’armer nos policiers municipaux.
Déploiement de vidéo protection et de contrôle des plaques d’immatriculation pour de la verbalisation à distance (42 caméras), préemption d’un local pour, peut-être, l’installation d’un centre de vidéo surveillance de la ville, l’année 2019 sera l’année de la sécurité selon notre Maire ou celle de Big Brother et de l’installation d’un climat de peur sur notre ville. Tout cela alors même que le bilan de la délinquance dressé par le préfet du Tarn contredit nos élus :
LIRE :
https://www.ladepeche.fr/2019/01/29/securite-un-bilan-contraste-dans-le-tarn-en-2018,7982722.php
A cette heure, notre groupe s’interroge toujours sur le réel intérêt ayant poussé notre majorité à préempter ce local…
Faut-il y voir comme pour le cinéma un opportunisme politique ?
Le temps nous le dira.
https://www.ladepeche.fr/2019/01/31/conseil-delinquance-passante-et-burger-ino-au-menu,7986028.php
[1] https://www.ladepeche.fr/article/2018/06/26/2824763-bernardin-le-bilan-des-six-mois.html