«La présence des abeilles nous permet (…) d’augmenter la biodiversité sur notre territoire, explique Raphaël Bernardin, maire de St-Sulpice.»[i], dans les pages de la Dépêche en parlant de la présence de ruches sur le site de la station d’épuration communale. Une belle opération de marketing politique dont le premier intéressé lui-même ne parait pas comprendre le sens.
En effet, si en France de plus en plus de ruches sont installées à proximité de stations d’épuration, ce n’est pas pour « augmenter la biodiversité », mais au contraire pour pouvoir en mesurer l’évolution –plus souvent la dégradation. Comment ? Avec les abeilles, justement, qui signalent la dégradation chimique de l’environnement et les dommages dus à des substances phytosanitaires : mortalité de la colonie, résidus sur le corps des abeilles ou dans les produits de la ruche, présence d’autres agents polluants (métaux lourds etc.).
Pourquoi les abeilles ? Parce qu’elles sont très sensibles à la plupart des produits présents en cas d’épandage inapproprié dans l’environnement et que son corps, recouvert de poils, fixe en vol des substances qu’elle rencontre. Mieux qu’une batterie d’appareils sophistiqués, nos abeilles enregistrent les effets induits par les polluants ainsi que leurs effets conjugués interagissant dans un même milieu.
Enfin pourquoi des ruches proches des stations d’épuration ? Si sur notre commune, l’on semble avoir du mal à fournir une explication rationnelle, ailleurs en France, on a la réponse : il s’agit de faire œuvre de pédagogie sur les enjeux environnementaux à travers la qualité de l’eau (d’où la station d’épuration), et la qualité de l’air (d’où les abeilles) et plus généralement des interactions entre les activités humaines et l’environnement.
Rien à voir avec l’augmentation de la biodiversité mise en avant par notre maire. Ce dernier est paradoxalement passé outre un protocole d’accord qui engageait notre commune à refuser toute implantation de logistique de masse, puisqu’il a accordé un permis de construire pour un gigantesque bâtiment logistique dans la ZAC les Portes du Tarn. Cela permettra-t-il de développer la biodiversité ? Non, car cet entrepôt géant de stockage de produits destinés au commerce en ligne type Amazon (70 000 m² de bâtiments) nécessiteront le passage de 500 poids lourds par jour minimum, samedi compris. Difficile de faire pire en matière de dégradation de la qualité de l’air. Enfin, comme des espèces protégées ont été trouvées sur place, une demande de dérogation à l’interdiction de destruction de ces espèces, qui gênent ce beau projet, est en cours d’instruction…
A côté de ce genre d’acte, les belles affiches de coccinelle ou d’abeille pour dire que la Commune n’utilise plus de produits phytosanitaires ressemblent à de la provocation. D’autant que c’est la Loi qui depuis le 1er janvier 2017 interdit aux communes d’utiliser ces produits, et pas l’engagement de notre majorité LREM. Si celle-ci s’engageait vraiment pour la biodiversité, sans doute serait-elle plus à l’écoute des propositions de l’opposition, qui propose par exemple de défendre réellement les abeilles en s’engageant dans le label national APIcité ® pour les communes qui aiment, protègent et défendent les abeilles et les pollinisateurs sauvages[ii].
[i] https://www.ladepeche.fr/2019/07/23/la-station-depuration-accueille-les-abeilles,8326177.php
[ii] https://www.unaf-apiculture.info/nos-actions/le-label-apicite-r.html