Les élus sont amenés à prendre des décisions qui souvent engagent plus que leur parole, la durée de leur mandat et pour tout dire plus que leur propre personne. Et pour cause, surtout lorsqu’il s’agit d’argent… Les montants des dépenses débattues sont souvent difficiles à saisir pour ceux qui n’ont pas l’habitude de manier des centaines ou des millions d’euros. Pour être objectif, c’est le cas de la très grande majorité d’entre nous. Tout comme cette très grande majorité d’entre nous, les élus d’aujourd’hui étaient hier de « simples » citoyens qui n’avaient pas l’habitude de jongler avec des budgets de plusieurs millions d’euros. Nous allons vous faire part d’un scoop : la consécration des urnes ne produit pas d’effet magique qui transforme du jour au lendemain un citoyen lambda en expert ès finances publiques.
Vrai emprunt et fausse concertation
Vous pouvez donc vous demander comment font les élus pour voter des budgets, persuader d’autres élus de leurs propositions de dépenses ? C’est simple : ils tentent d’expliquer, de donner des gages de confiance du bien-fondé de leurs propositions. Prenons le cas l’année dernière, de débats sur l’opportunité de contracter un emprunt de 2 500 000 € sur 20 ans, relayé par un article de la Dépêche du Midi.
LIRE : https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/30/2769858-conseil-municipal-la-mairie-emprunte.html
Pour convaincre de l’utilité de ce prêt, le maire expliquait à qui voulait le croire qu’entre autre « La salle Polyespace doit être remise en état. C’est une urgence pour les associations utilisatrices. »
LIRE page 12 compte-rendu conseil municipal du 28 mars 2018 : https://www.ville-saint-sulpice-81.fr/images/Compte%20rendu%20du%20CM%20MERCREDI%2028%20MARS%202018.pdf
Rappelons que c’est sur la base des éléments exposés –dans ce cas par monsieur le maire- que les élus expriment leur vote. Or, qu’en est-il aujourd’hui ? La réhabilitation de la salle Polyespace n’a même pas commencé. Au passage, nous noterons que tout internaute pouvait s’exprimer sur le devenir de cette salle. Même les voisins des autres communes. Même des internautes étrangers, puisque la municipalité n’avait pas mis de filtre pour limiter la « concertation » aux seuls saint-sulpiciens. Les résultats de cette « concertation » n’ont pas été partagés, mais peut-être la raison en est-elle que l’essentiel n’était pas là. L’essentiel, c’était d’afficher que l’on faisait de la « concertation », pas de se soucier de ce que les saint-sulpiciens pensaient ou voulaient.
L’avenir de notre démocratie commence ici, chez nous
La conclusion de notre petite histoire est la suivante : la salle Polyespace n’a servi que de prétexte pour justifier le vote d’un emprunt, et afficher un semblant de concertation. Des élus qui manipulent les citoyens, cela fait malheureusement partie du paysage politique depuis si longtemps que peu s’en indignent. Ce faisant, c’est au final de la confiance dans nos élus et institutions qu’il est question.
Et c’est là que notre histoire locale rejoint la grande histoire et plus particulièrement l’actualité qui marque notre pays depuis novembre 2018. La crise que l’on présente comme étant celle des « gilets jaunes » ne l’est pas : il s’agit d’une crise de confiance, plus profonde, dont nul ne sait quel en sera l’aboutissement. Et l’organisation de débats par notre maire qui en séance publique de novembre 2018 déclarait « ne me parlez pas des gilets jaunes ! » ne trompera personne sur son esprit d’ouverture réel, ce qui convenons-en n’incite pas à la confiance.
Quoiqu’il en soit il est irresponsable de continuer à alimenter la défiance citoyenne par manque de transparence, tromperies et manipulations de la part des élus. Rester aveugles à cette évidence compromet dangereusement l’avenir de notre démocratie, et cet avenir commence au niveau local.
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