L’association Saint Sulpice Active et Citoyenne a participé à la consultation sur l’épandage de pesticides et la distanciation à appliquer entre cultures à traiter et habitations organisée par la chambre d’agriculture du Tarn
Cette consultation n’est qu’un blanc seing pour continuer à utiliser des pesticides tout en affichant un semblant de participation citoyenne. En effet, le pilotage par des syndicats agricoles productivistes ne laisse que peu d’espoir de voir la volonté citoyenne permettre enfin l’arrêt de ces traitements à n’importe quelle distance.
Vous trouverez ici notre participation :
L’association Saint Sulpice Active et Citoyenne, association de protection de l’environnement sur le territoire saint-sulpicien et environnant, souhaite prendre part à la concertation publique sur le projet de charte d’engagements des utilisateurs agricoles de produits phytopharmaceutiques.
Tout d’abord, nous regrettons que jamais ne soient remises en cause les pratiques agricoles visant à nourrir la population en utilisant massivement et systématiquement, dans la culture ou l’élevage destinés à l’alimentation, des produits biocides (tuant la vie) plus ou moins sélectifs.
La pratique d’une agriculture différente, tout aussi fructueuse et sans utilisation d’intrants de synthèse chimique n’est abordée. Aucune critique de l’agriculture productiviste n’entre en compte dans la charte que vous proposez. Aucune transition vers une agriculture intégrée à la nature n’entre en compte dans cette charte. Tout laisse à croire que le but de cette charte est de communiquer sur la prétendue avancée de co-rédaction de cette charte en intégrant la parole des habitants.
La production de nourriture ne doit pas se faire sans la nature, mais avec elle. De nombreuses initiatives existent sur le territoire, mais hélas trop peu relayées et trop peu valorisées. On peut citer les exploitations avec un label Agriculture Biologique, Nature et Progrès ou en permaculture. Citons également l’agroforesterie qui sera l’avenir de l’agriculture dans le Tarn, puisqu’elle permet la production de nourriture en utilisant l’arbre pour rechercher les interactions bénéfiques pour la nature et dont l’une d’entre elle est d’éviter l’évaporation rapide de l’humidité.
Les initiateurs de ce projet de charte ne sont pas, hélas, des défenseurs d’une agriculture bonne pour la planète et les générations futures. Ils sont, bien au contraire, les défenseurs d’une agriculture productiviste où la pratique agricole est une attaque en règle contre la nature et ses auxiliaires, « sales bêtes » à éradiquer à grands renforts de pesticides, alors même qu’ils sont de précieux alliées dans une démarche de lutte intégrée contre les ravageurs. À titre d’exemple, la production de maïs dans le département est une folie en terme de ressource en eau et d’intrants. Le maïs est à l’origine une plante originaire du Mexique, adaptée à ce territoire et peu gourmande en eau. On en a fait une culture hybride, résistante aux produits phytosanitaires type glyphosate et ultra gourmande en eau. On oblige ainsi les agriculteurs à transformer la nature, pour créer des barrages et ainsi rendre précaire l’équilibre en eau du territoire, au détriment de zones humides, autrefois véritables conservatoires de la biodiversité locale et désormais zones en péril.
D’une manière générale, nous souhaitons, au-delà de savoir si les conditions et les chiffres présentés sont les bons, que les porteurs de ce projet réfléchissent à des pratiques agricoles adaptées au territoire, des pratiques de distribution beaucoup plus locales pour viser l’autonomie alimentaire pleine et entière, par un modèle soutenable, sur un territoire tarnais enfin résilient. On pourrait même imaginer une diffusion vers les principales villes de la région (Toulouse et Montpellier) où la résilience alimentaire urbaine est beaucoup plus compliqué à atteindre. Cette résilience peut s’obtenir sans intrants de synthèse néfaste pour la biodiversité, la santé humaine et particulièrement celle des agriculteurs, condamnés à utiliser de la chimie pour satisfaire à un modèle dogmatique dans lequel la productivité et la rentablilité ne s’envisagent pas en dehors d’une consommation exponentielle de terres, d’eau et d’intrants industriels.
Nous sommes pour l’arrêt rapide l’utilisation des pesticides, engrais de synthèses et autre production de la chimie à destination de l’alimentation, et la recherche de solutions alternatives profitables à l’environnement comme aux travailleurs de la terre. L’urbanisation du territoire saint-sulpicien conduit d’anciennes terres agricoles à s’urbaniser et engendre de plus en plus de rapprochement entre terrains destinés à l’agriculture productiviste et zones d’habitation. Il est d’ailleurs à noter que sur certains axes, parfois seules routes disponibles pour les riverains pendant le confinement, la pratique de la marche à pied devait se faire en marchant sur des petites billes blanches d’engrais. De nombreuses familles l’ont emprunté avec les enfants voyant ces petites billes blanches sur la route.
Malheureusement, il n’est pas prévu de moyens coercitifs ni de moyens de vérification de la bonne application de cette charte. Elle n’a rien de contraignant pour les agriculteurs et, s’il faut traiter quand bien même il y aurait trop de vent, la « nécessité » économique primera vraisemblablement sur la santé des habitants, quitte à ce que les contrevenants à la loi paient des amendes comme au verger de Fontorbes à Lavaur.
Nous sommes contre cette charte qui va viser uniquement à la poursuite de l’utilisation de pesticides. Produire une nourriture aussi bonne sur le plan sanitaire que gustatif, et permettant une juste rémunération des producteurs, ne doit pas se faire en mettant une combinaison blanche et un masque de protection ! Il est grand temps d’arrêter de contaminer ou de polluer notre atmosphère, nos plantes, nos sols et notre eau.
Association Saint Sulpice Active et Citoyenne