Le droit au bonheur :
Pouvoir d’achat, pouvoir d’achat, pouvoir d’achat, ce leitmotiv répété en boucle sur les grandes chaines est un concept vide de sens. Le pouvoir d’acheter quoi ? Le pouvoir d’acheter un plein d’essence pour aller à son travail ? Le pouvoir d’acheter des vêtements pour ses enfants ? Le pouvoir d’acheter des vacances sous le soleil des tropiques ?
Nous ne pensons pas que les citoyens mobilisés se battent pour cela mais pour une conception plus large d’un droit au bonheur et à une vie digne dans une société où l’on peut vivre de son travail, accéder à la santé, à l’éducation pour ses enfants par exemple. Ce ne sont pas quelques suppressions de cotisations sociales qui régleront ce problème de fond.
Les gens rêvent de bonheurs simples. La destruction systématique des droits sociaux entraînent les citoyens dans une incertitude de plus en plus difficile à supporter. Se protéger du lendemain, donner une bonne éducation à ses enfants, se chauffer correctement, accéder à la culture deviennent des luxes de plus en plus difficiles à se payer.
Aujourd’hui, ce n’est pas seulement la sécurité sociale mais l’ensemble des services publics qu’il faut préserver. Ils sont non seulement les fondements de la solidarité nationale mais la richesse des plus démunis.
Le bonheur est enfermé aujourd’hui dans une injonction contradictoire car il ne peut se réduire à la capacité d’acheter et aux revenus nécessaires pour y arriver. Le bonheur se construit dans une société où chacun à sa place. Chaque personne doit être considérée et protégée. Il n’y a pas de bonheur sans une société qui place la justice sociale et la solidarité au centre de sa politique.
La société ne s’organise et ne se dirige pas comme une entreprise. Il y a des choses qui échappent nécessairement à la logique marchande. Le Marché ne peut organiser la société d’une part parce qu’il n’est pas démocratique, en considérant notamment les gens comme des consommateurs et non comme des citoyens, et d’autre part parce qu’il n’est pas social en considérant les besoins comme des valeurs marchandes et non comme des valeurs d’usages.
Mettrez-vous votre gilet jaune ?
Il ne nous appartient pas de vous dire ce que vous avez à ce faire ni comment le mouvement en cours doit s’organiser. Néanmoins, nous partageons dans ses expressions de nombreuses attentes.
Notre association est née du même constat. Il ne peut y avoir aujourd’hui de projet politique quel qu’il soit et à n’importe quel niveau qu’il soit qui s’écarte des profondes aspirations à plus de démocratie. La question écologique est devenue centrale et les attentes sociales incontournables.
Avec lucidité, nous voyons que l’extrême droite compte quelques partisans parmi les gilets jaunes. Pour nous, le racisme, la xénophobie et le conservatisme sont des impasses conduisant à un fascisme que nous ne voulons pas car nous sommes profondément républicains.
Le mouvement populaire des gilets jaunes doit déboucher sur une issue politique écartant les exemples italiens ou encore brésiliens. Pour cela, il faut donner un nouvel élan à notre démocratie en la rénovant en profondeur ; c’est à dire en donnant aux citoyens d’avantage de prérogatives dans les décisions et les choix politiques. L’intérêt général doit redevenir le moteur de l’action politique en menant des politiques justes socialement et durables écologiquement.
Le moment politique que nous vivons n’est pas une faillite mais une chance pour l’avenir de notre pays.